Le programme
L’Association Jean Gailhac gère notamment une Maison d’Enfants à Caractère Social. Une MECS est à la fois : un lieu tiers destiné à réguler une situation conflictuelle qui porte atteinte à l’intégrité de l’enfant, un lieu d’accompagnement d’un enfant présentant des difficultés d’adaptation sociale, et une institution de centre ville ouverte sur la cité, favorisant le maintien des liens avec l’environnement social et familial de l’enfant. L’Association existe depuis 1973, les bâtiment qui existent déjà sur le site datent de 1997.
Le projet consiste en la construction d’un agrandissement de l’actuelle MECS, soit parce que de nouveaux services ont été créés au fil des besoins, soit parce que des besoins n’avaient pas été couverts par le bâtiment existant : c’est un fait, le bâtiment actuel rend difficile, par manque de place, un travail serein, un accueil souple des personnels et des familles et des enfants. C’est ainsi que le projet se décompose en :
-> Un nouveau corps de bâtiment Administration qui regroupe l’Accueil, la Direction, la Comptabilité, une salle de Réunions, les bureaux des Chefs de services.
-> La création d’une Cuisine et d’un Restaurant à visée éducative, ainsi qu’une Grande Salle, polyvalente et ouverte au public.
-> 3 Studios destinés aux enfants proches de la majorité, et qui pourront ainsi bénéficier d’un hébergement à l’intérieur de la structure tout en « testant » une certaine autonomie, pendant les mois précédents leur départ.
-> Un Service de Médiation : un lieu à la fois convivial et protégé, destiné à la rencontre « encadrée », qui vise à maintenir le lien entre des enfants et leurs parents qui ont été séparés par décision de justice.
-> Un hébergement formé de 4 Studios, aménagés aux normes PMR, qui couvrent ainsi les besoins en terme de cotas pour l’ensemble de l’établissement.
-> Enfin, des services hébergés actuellement à l’extérieur du site se voient, à l’occasion de cette construction, regroupés : c’est le cas des locaux du Soutien scolaire, qui comporte le « Service Éducatif de Jour » et le « Service Accueil Relai ».
Le site
Situé sur le bord du plateau, à la frange du noyau historique de la ville, le site est un ancien parc créé à la fin du 19ème siècle, pris dans une « coulée verte » qui descend de la ville vers la petite vallée du Bagnols. Le terrain est donc planté d’arbres majestueux, et est formé « d’étagères » qui suivent la pente du terrain. A noter que de nombreux arbres sont passablement abîmés, de par leur âge ou une taille inappropriée (c’est malheureusement le cas de pratiquement tous les Sophoras et Robiniers). Cependant de beaux sujets sont à conserver et mettre en valeur, tant dans la partie espace boisé classé (Maronniers, Tilleuls, If) que dans la zone neutre (Platane, Micocouliers, Féviers), et tout spécialement les pins d’Alep qui soulignent le bord du plateau.
Le terrain est peu visible depuis son accès dans un virage sur le boulevard d’Angleterre : on n’en discerne guère qu’une masse végétale actuellement assez massive, informe. Depuis le boulevard du four à chaux, la vue en contre-plongée ne permet pas non plus une lecture bien précise du site. A noter que 4 cèdres majestueux marquent un repère important sur la pointe de l’une des « étagères » du terrain – par malheur, de ces 4 silhouettes singulières, 2 sont morts, 1 mourant, le 4ème malade… Depuis le quartier qui lui fait vis-à-vis, le Pech des Moulins, le jeu de la topographie fait que le terrain est assez peu visible depuis l’espace public.
Sur le terrain même, les vues sont relativement fermées vers le nord (cimetière et bâtiment existant), vers l’est (la masse urbaine du centre ancien), vers le sud (hauts murs de clôture, îlots urbanisés, école du Sacré-Cœur). Les seules vues réellement ouvertes sont situées vers l’ouest, le sud-ouest, par-dessus le Pech des moulins : belles vues lointaines, fortement qualitatives, sur le Massif du Caroux, les Monts d’Espinouse, la Montagne Noire, au loin les Pyrénées. Par leur « cadre » souplement vertical, le premier plan des pins d’Alep présents sur le terrain en renforce l’effet de profondeur.
Le parti architectural
Sur ce terrain porteur de multiples et fortes contraintes (dans le périmètre du Secteur Sauvegardé, de celui de la Prévention des Risques Naturels de Mouvement de Terrain, d’un Espace Boisé Classé, d’une topographie marquée…), c’est le choix d’une certaine simplicité qui a été fait : le bâtiment s’insère plus qu’il ne s’impose sur son site.
Logiquement l’Administration s’avance vers l’entrée du terrain, pour une bonne lecture de l’Accueil, les différents corps du bâtiment s’installent sur les « étagères » successives, afin de limiter l’impact de leur présence sur la silhouette urbaine, tout en dégageant les vues sur le paysage lointain côté ouest. Les volumes sont simples, la hauteur des différents corps restant contenue en R ou R+1, exceptionnellement R+2 (Studios/Médiation/Chaufferie). Les arbres existants sont le plus souvent possible conservés et s’intercalent entre les différents corps du bâti : la continuité de la « coulée verte » étant ainsi préservée. Les mouvements de sols restent très contenus : les différents bâtis se posent sur les niveaux existants.
Les couvertures sont formées de toitures terrasses végétalisées, ce qui va dans le sens d’une plus grande discrétion de la masse bâtie dans la « coulée verte », d’un meilleur comportement thermique du bâtiment, et répond à l’exigence du PPRI quant à la rétention temporaire des eaux pluviales lors des orages méditerranéens. L’Association comprend des services de pré-apprentissage, notamment en entretien des espaces verts, aussi le choix a été fait de favoriser l’accessibilité de ces toitures, ainsi que leur sécurité : elles sont toutes reliées entre elles par des passerelles, et bordées de garde-corps de bois massif de Douglas, laissé à « grissailler » qui vont « assouplir » l’allure générale par ce « couronnement », dans un traitement contemporain. Des plessis sont installés sur ces toitures, destinés à recevoir de petits jardins expérimentaux destinés aux enfants, mais aussi, pourquoi pas, des « carrés potagers » qui pourraient faire lien entre les volets de pré-apprentissage cuisine et espaces verts, le bâtiment devenant lui-même instrument éducatif.
Les matériaux visibles en façade restent sobres, dans des teintes de gris colorés : murs en enduit hydraulique lissé fin, gris feutré, légèrement violacé. Menuiseries et garde-corps des escaliers et passerelles en acier rouillé et passivé ou noir, aux dessins simples et aux montants fins. « Couronnements » des acrotères, brises soleil, plessis, plancher des rampes PMR et des passerelles en Douglas non traité, laissé à grisailler. Seul jeu de couleurs pures, par petites touches verticales : la coursive qui relie l’ancien bâtiment avec le nouveau est supportée par des poteaux d’acier en H, rappel de la structure existante, qui sont peints d’une déclinaison colorée allant du rouge au violet, et qui « déborde » sur l’existant, qui lui donnera un « coup de neuf » (Cf vue d’insertion PC6).
Le jardin est une partie importante du projet : le parc existant est quelque peu délaissé, et son traitement méditerranéen un peu daté. Le choix a été fait d’une transition entre parc méditerranéen sec jusqu’à un jardin plus sensible, plus frais, plus intime, à l’aide de végétaux plus au goût du jour, et bien adaptés à la situation (sol, arrosage très contenu…) : une déclinaison de Graminées, puis de plantes méditerranéennes fleuries (Cistes, Sauges…), pour en arriver à un jardin plus serré, frais, calme, odorant de Menthes, de Verveines, de Fougères, doté d’un petit bassin, de bruissement d’eau. C’est ainsi que le long cheminement PMR est transformé en une promenade sur un moutonnement de graminées : la volonté est bien d’en faire autre chose qu’un ouvrage technique, de l’ouvrir à tous – ce qui est la meilleure manière d’éviter la ségrégation.
Sur la partie entre la Cuisine et le Soutien scolaire, la rampe PMR, elle aussi imposante, est aérienne (« suspendue » à 2,20 mètres du sol sur certaines parties) : un jardin de bambous vient l’accompagner vers une séquence, un passage singulier, graphique, en même temps qu’assurer un bon maintient des sols.